Je chante faux, mais j'entends juste. (Marcel Achard)
Après voir parlé d’un opéra, puis d’une chanteuse, je me suis dit qu’un article sur la voix pourrait être le bienvenu. (mais petite précision en passant, non je ne suis pas chanteuse !) Tout le monde connaît plus ou moins le principe de fonctionnement de la voix : l’envoi d’air à travers les cordes vocales (situées dans le larynx) permet de mettre ces dernières en vibration et de produire un son. Son qui est par la suite amplifié grâce aux « organes résonateurs » que sont entre autres les cavités buccale et nasale ou le pharynx. En modifiant la tension des cordes vocales et donc leur longueur, on peut moduler la hauteur du son ainsi produit. Nous sommes tous (sauf traumatisme important), capables de chanter. C’est cette apparente simplicité de l’universalité qui nous fait souvent dire ou penser que la voix est l’instrument de musique le plus ancien. Car il s’agit bien d’un instrument de musique. La voix, comme n’importe quel instrument, a besoin d’être travaillée.
Travaillée, certes, mais comment ?
C’est simple me direz-vous, inscrit toi dans un conservatoire ou une école de musique, ou alors trouve-toi un prof particulier et prends des cours ! Alors… oui mais non ! Oui, si je prends des cours de chant (dit classique ou lyrique) dans un conservatoire, je serai plus ou moins initiée aux techniques du chant lyrique. Mais si je prends des cours dans une petite école, si ça se trouve, je me retrouverai à chanter de tout, sauf du classique ! Idem avec un prof particulier.
Mais considérons l’option conservatoire. Imaginons deux secondes que je prenne des cours depuis déjà longtemps, que je sois super douée et dotée d’une voix exceptionnelle. Je pourrai peut-être parvenir un jour à être aussi célèbre que Sarah Connolly par exemple (cf. l’article précédent). Là le premier qui me dit que je ne sais pas chanter est un idiot. Et bien ce n’est pas si sûr. Voire carrément incertain. D’abord, parce que la voix est bien plus complexe qu’il n’y paraît, et qu’il peut vite arriver d’être « classé » dans la mauvaise catégorie. (n’est-ce pas Pyrausta?) Donc, savoir chanter pour ne pas chanter ce qui nous irait vraiment, ça n’est pas la meilleure des perspectives. Mais en plus, si je décrète que je sais chanter (en entendant par là maîtriser toute la technique du chant), je réduis considérablement les choses !
Parce que d’un point de vue d’européen occidental, oui, Sarah Connolly, Mireille Delunsch, Paul Agnew (et bien d’autres !) savent chanter. Mais déplaçons nous un peu… vers la Mongolie par exemple. Là-bas, ce ne sont pas du tout les même voix que l’on va entendre. Et peut-on pour autant dire qu’ils ne savent pas chanter ? Ca serait une belle absurdité alors qu’ils maîtrisent des techniques largement aussi pointues que les notre… Le chant diphonique* en est un bel exemple. Celui qui le maîtrise peut donner l’impression de faire à lui seul deux voix à la fois. Non d’ailleurs, il est plus juste de dire qu’il fait deux voix à la fois ! Autre exemple : le chant tibétain. L’ambitus potentiel** de ces voix est phénoménal !! Ils parviennent à aller chercher des graves que je ne suis pas sûre que l’on trouve chez nous… Là, je ne vous expliquerait pas comment ça se passe, je sais trop peu de choses là dessus.
Finalement, la voix est peut-être bien l’instrument qui a le plus grand panel de sons. Il existe peut-être même autant de sortes de chant possibles qu’il y a d’hommes sur cette planète…
Petit exemple de chant diphonique...
*Le chant diphonique est un terme générique désignant toute technique vocale permettant à une personne de produire plusieurs notes simultanément et donc de faire du chant polyphonique (à plusieurs voix) au moyen d'un seul organe vocal combinant d'une part divers types de voix (de gorge, de tête, etc.) et d'autre part divers positionnements de la langue ou des lèvres
** Il eut peut-être fallu normalement parler ici de tessiture plutôt que d'ambitus, mais ce qui m’intéresse n’est pas tant l’échelle où la voix est « jolie » et égale qui m’intéresse mais bel et bien l’intervalle entre la note la plus grave et la plus aigue que ces voix peuvent atteindre.